Face à Santa Clara ce samedi, João Neves devrait être aligné d’entrée de jeu pour la sixième fois de la saison — et d’affilée. Longtemps relégué à un rôle secondaire au sein de l’effectif lisboète cette saison, le Portugais de 18 ans compte bien continuer à prouver que son entraîneur, Roger Schmidt, a bien fait de miser sur lui durant le sprint final.
Les plus belles histoires commencent souvent par un naufrage. Pour João Neves, pur produit du Seixal, c’est l’élimination de son équipe en quart de finale de la Ligue des champions qui lui a permis de voir son statut être reconsidéré. Avant cet événement, le milieu de terrain n’avait connu que de courtes entrées de jeu, toutes plus ou moins intéressantes, mais pas assez longues pour se faire une réelle idée de son niveau. Alors, le 23 avril 2023, quatre jours après la déconvenue en terre italienne, João est titularisé dans l’entrejeu face à Estoril. Benfica remporte le match sur la plus petite des marges (1 – 0), lui ne quitte plus le onze.
Les quatre rencontres qui suivent sont une succession de réussites pour lui. Très à son avantage face à Gil Vicente (2 – 0), Braga (1 – 0) et Portimonense (5 – 1), il est également aligné d’entrée de jeu lors du derby, face au Sporting. Si cette affiche s’avère plus compliquée pour lui et ses coéquipiers, qui sont menés deux buts à zéro à la mi-temps, le passage au vestiaire et la soufflante de Roger Schmidt galvanisent l’équipe qui change totalement de visage en seconde période. Les Encarnados réduisent la marque une première fois, avant qu’il ne vienne, comme un grand, égaliser dans les derniers instants, à la suite d’un cafouillage dans la surface de réparation. Ce premier but, c’est tout un symbole. Déjà parce que marquer face au grand rival de la capitale, ça n’a pas de prix, ensuite parce sans le départ d’Enzo Fernandez, quelques mois auparavant, il n’aurait très certainement jamais gravi les échelons au sein de l’équipe A aussi rapidement.
Le départ des uns, fait le bonheur des autres
Du début de la saison jusqu’au départ précipité d’Enzo Fernandez, Roger Schmidt faisait évoluer son équipe dans une sorte de 4-2-3-1 (toujours d’actualité) avec un double pivot composé de l’Argentin et de Florentino Luis. L’entraîneur Allemand pouvait également compter sur Chiquinho et Fredrik Aursnes pour doubler les postes et sur une équipe tournant en plein régime. Puis Fernandez est parti. Son excellente première partie de saison puis la Coupe du monde qu’il remporte et au cours de laquelle il est nommé meilleur jeune du tournoi convainquent Chelsea de dépenser 121 millions d’euros pour s’attacher ses services.
Parallèlement, le joueur pousse auprès de sa direction pour rejoindre l’Angleterre, et Rui Costa est contraint de céder. Outre la somme très importante, le président du Sport Lisboa e Benfica met un point d’honneur à expliquer qu’un joueur qui ne veut plus jouer pour son équipe, n’a rien à y faire. Le timing du transfert ne lui permettant pas de sonder un remplaçant à la hauteur (31 janvier), Rui Costa explique alors qu’il ne souhaite pas “acheter pour acheter” et que pour compléter l’effectif, le club pourra se tourner vers les joueurs de l’équipe B comme Joõa Neves, monté en A depuis le mois de novembre.
Pour combler le départ d’un joueur qui avait déjà pris beaucoup de place, Roger Schmidt se tourne d’abord, faute de mieux, vers Chiquinho, qui avait, depuis son arrivée en 2019, été contraint de ronger son frein et d’être prêté ci et là. L’intérim proposé par l’ancien playmaker de Moreirense est de bonne facture, mais le gap est trop important. Enzo manque à cette équipe, surtout dans les moments cruciaux. Au cours des mois qui suivent son départ, Benfica s’en sort assez brillamment et affiche un bilan de dix victoires pour une défaite. Puis vient la rencontre contre Porto, que les lisboètes perdent (1 – 2). Idem lors du match aller des quarts de finale de Ligue des champions contre l’Inter (0 – 2) et face à Chaves (0 – 1).
La solution João Neves
Toutes ces rencontres, des victoires jusqu’à cet enchaînement de contre-performances, João Neves les voit majoritairement assis sur le banc des remplaçants, et ne dispute en tout que 67 minutes de jeu. Les dernières déconvenues agacent et Roger Schmidt encaisse sa première zone de turbulence. Son entêtement vis-à-vis du statut accordé à certains joueurs, pourtant en méformes, passe difficilement auprès des supporters. Après un énième mauvais résultat (match nul contre l’Inter (3 – 3) qui élimine le club en quarts de finale de Ligue des champions) il se décide enfin à le titulariser.
Le natif de Tavira saisit l’occasion et expose ses qualités tout au long des cinq rencontres qu’il dispute. Très à l’aise balle au pied, il fait preuve de beaucoup de personnalité et n’a pas peur de grappiller de précieux mètres, d’aller au duel et de jouer sous pression, notamment grâce à sa qualité de passe. Il est également doté d’un bon jeu de tête, malgré son mètre soixante-quinze. Roger Schmidt en tombe amoureux et dit de lui qu’il est une “très grande surprise”. Une très grande surprise prête à continuer de rouler sa bosse, et qui espère soulever, ce samedi, son premier titre national.