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Pépite Portugaise

Rodrigo Mora, une panacée à l’encontre des préjugés

Auteur d’un doublé en Youth League face au Shakhtar Donetsk, Rodrigo Mora suscite l’intérêt, comme rarement pour un jeune joueur de son âge. Un papier écrit par Rémy Martins et publié en version portugaise sur son médium.

Il est évident que le talent suscite la couverture médiatique mais cela fait déjà un certain temps que l’habileté du plus jeune joueur à avoir jamais évolué dans l’un des deux premiers championnats professionnels à l’échelle nationale est mise en lumière par le principal intéressé.

Mardi dernier, il s’est de nouveau illustré par le biais de sa précocité déconcertante, avec un doublé contre le Shakhtar Donetsk en Youth League. Cette prouesse l’a d’ailleurs consacré comme le plus jeune joueur portugais à inscrire au moins deux buts dans la compétition (16 ans et 4 mois). Au delà de cet accomplissement, c’est la finesse et la maturité de son jeu, au sein du rectangle vert, qui attire les regards, suscite la curiosité et n’a de cesse d’exalter l’émotionnel. L’âge n’est qu’un chiffre et ne peut définir, à lui seul, un plafond de verre, pour ceux qui se distinguent de la sorte.

Résumé Shakhtar Donetsk – FC Porto, Youth League

La singularité du jeune joueur de Porto fait écho à celle de ceux que l’on qualifie habituellement de « cracks générationnel », de « prédestinés » ou encore d’« élus ». Dans ce contexte, l’âge ne peut être un indicateur viable de ce qu’il faut faire quant à un talent indéniable mais il peut susciter un dilemme cornélien. D’un côté, la volonté naturelle de vouloir protéger ce que l’on a de plus précieux en refusant l’ascension frôlant l’indécence (dans l’esprit collectif commun) que réclame son talent et ainsi freiner son évolution du fait d’une réalité compétitive inadéquate à l’épanouissement personnel et l’émulation nécessaire. De l’autre, le courage de le faire évoluer dans un contexte où la capacité d’antagonisme sera à la hauteur de ce que réclame son talent mais qui induit aussi le risque latent de le voir se brûler les ailes.

L’amour du jeu coule dans ses veines, ayant même une dimension génétique venant de son père, ancien joueur. Ses premiers pas dans le monde du football se font dans des lieux on ne peut plus intimistes et sauvages comme la rue et son garage. Des moments partagés avec son père et sa grand-mère. Ils caractérisent les prémisses d’une relation des plus intimes avec le ballon où se distingue une passion naturelle et, également, encore innocente. Son aventure au sein du FC Porto commence dès l’âge de 9 ans et le prologue qu’il rédige pour ses débuts dans le monde professionnel laisse déjà quelques indications sur l’œuvre qui pourrait se dévoiler.

Rodrigo Mora, alors âgé de 15 ans, contre les U16 néerlandais

Qu’il soit positionné ou initie ses mouvements depuis l’aile gauche ou en tant que faux neuf, Rodrigo Mora met en lumière une sagesse tacite, notamment positionnelle, à travers sa propension à vagabonder, laisser penser qu’il s’efface, pour au final apparaître au moment opportun, créer le déséquilibre, exprimer la nécessité d’exploiter une faille ou réclamer le protagonisme. Il libère des espaces, attire les défenseurs hors de leur zone de confort, génère de la confusion dans l’organisation adverse et provoque des situations de supériorité numérique positionnelle ou qualitative. Dès lors, les conséquences pour le rival sont on ne peut plus dommageables.

Également, Rodrigo Mora revendique en permanence l’association avec ses pairs et fait de la volonté de générer le déséquilibre dans le dernier tiers, une priorité. Cela peut s’exhiber aussi bien au niveau individuel, grâce à la ruse et son habileté corporelle ou grâce à des prédispositions techniques et cognitives qui engendrent des situations bénéfiques pour l’ensemble de l’équipe, qu’au niveau collectif dans la manière dont il tire profit de l’association avec ses pairs et de l’empathie innée avec ceux qui partagent sa zone de prédilection.

On peut parler d’ores et déjà d’auto suffisance. Rodrigo Mora est adroit dans la zone de vérité et son altruisme fait de lui un partenaire précieux pour l’ensemble de ses coéquipiers. Autre atout majeur, sa polyvalence remet en question le statu quo concernant un cantonnement à une fonction unique et exclusive. Évidemment, cela le rend encore plus vertueux.

Au delà de ça, l’intelligence naturelle dans la prise de décision et la facilité de déséquilibre l’aident à rendre factuel, avec une constance anormale à cet âge, la tendance à pouvoir changer le scénario d’un match. Son jeu éveille la pensée qu’il est de ceux qui sont parvenus à démystifier les secrets de la machine à voyager dans le temps et, par conséquent, ont pu assimilé une sagesse cognitive/interprétative qui lui permet de se distinguer, avec aisance, de la majorité.

Ses idoles, Otavio, Messi ou encore Ronaldo, ont suscité chez lui une émulation certaine et ont contribué à son développement personnel en tant que joueur. À la question « Penses-tu partager des caractéristiques propres à ces joueurs là, et si oui, à qui t’identifies-tu le plus ? », Rodrigo Mora répond : « Messi, parce que c’est un génie qui fait ce qu’il veut avec le ballon et, je sens parfois que je peux le faire aussi. » Quoi qu’il en soit, Rodrigo est déjà une réalité manifeste en tant que joueur (encore perfectible, évidemment), qui s’amuse avec le présent et nous laisse rêver du lendemain.

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