Hier soir face à la Slovénie, Cristiano Ronaldo a failli. Titulaire pour la quatrième fois dans cet Euro 2024, qui sera son dernier, le quintuple Ballon d’Or qui espérait pouvoir enfin ouvrir son compteur but est reparti bredouille. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé. 8 des 20 tentatives portugaises sont de son seul fait. Mais dans les airs, sur coup franc, ou même sur penalty – dont il est pourtant un grand spécialiste – , Cristiano a tout raté.
Mais est-ce réellement étonnant ? Alors oui et non. Oui, parce que nos yeux d’adultes sont aussi nos yeux de gosses. Voir le Cristiano Ronaldo de 39 ans, c’est se remémorer le passé, c’est revivre ses accomplissements, ses records, ses buts, ses exploits, c’est revoir ses mèches blondes, son n°17, ses vidéos Joga Bonito… Et puis non, parce qu’encenser une gloire, non pas sur la base du présent mais sur les vestiges du passé, implique forcément que le temps nous file entre les doigts, et que la cinquantaine de buts en Arabie saoudite ne peut suffire à cacher des lacunes évidentes.
Roberto Martinez : maman poule
Alors, à qui la faute ? On pourrait pointer du doigt le principal concerné, et à raison. Mais encore faut-il se rappeler qu’à la tête de cette sélection siège Roberto Martinez, le décisionnaire – si tant est qu’il le soit réellement – , et qui se révèle être un sélectionneur qui n’a simplement pas le courage de gérer son joueur (ni l’honnêteté de reconnaître que Bernardo Silva et Bruno Fernandes sont aussi dans le dur). Quand il est amené à devoir répondre au sujet de Cristiano Ronaldo et de son temps de jeu, celui-ci se la joue vieille dame, et répète en boucle : « C’est son 6ème Euro. Personne dans l’histoire n’a fait mieux. Ses statistiques à Al-Nassr parlent pour lui. » Même hier face à la Slovénie, le technicien espagnol a trouvé le moyen de le materner : « Cristiano Ronaldo est un exemple pour nous tous. Je le remercie d’être comme il est et de prendre soin du groupe. Nous sommes très fiers de lui. » Pour une évaluation plus constructive et moins biaisée par la carrière de Cristiano, passez votre chemin… ou alors risquez votre place, comme Fernando Santos.
On l’a vu lors de la Coupe du monde 2022, puis plus récemment lors de la finale perdue face à Al-Hilal en Coupe du roi, et enfin hier pendant l’hymne nationale et après son penalty raté : Cristiano Ronaldo est à fleur de peau. Et sa gestion n’aide ni lui, ni l’équipe. Sa chance, et celle de la Seleção, c’est que Diogo Costa a décidé de sécher les larmes de son capitaine et d’entrer dans l’histoire de l’Euro en repoussant les trois tirs au but Slovènes, après avoir remporté son face à face avec Benjamin Sesko dans les prolongations. Cristiano peut le remercier : le sauveur est devenu le sauvé.