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Interview

Interview exclusive de Jacqueline Cavalcanti (Partie 1) : « Mon objectif : être championne à l’UFC »

En interview pour As Quinas, la combattante portugaise de l’UFC, Jacqueline Cavalcanti s’est livrée sur son incroyable année 2023, ses objectifs dans l’organisation et sur l’évolution du MMA au Portugal. 

Jacqueline Cavalcanti est l’une des étoiles montantes du MMA portugais. À 26 ans, elle affiche un bilan de 6 victoires (dont 3 KO) pour seulement une défaite. Championne de la LFA, ses performances ont tapé à l’œil de Dana White, le président de l’UFC, qui lui propose alors un contrat en juin 2023.

Trois mois plus tard, pour ses débuts dans la plus prestigieuse des organisations, Jacqueline est venue à bout de la française Zarah Fairn chez elle, lors de l’UFC Paris II. Une victoire prestigieuse qui lui a valu de rentrer dans l’histoire puisqu’elle est devenue la première femme portugaise à signer et remporter un combat au sein de l’UFC.

Jacqueline, avec tout ce qu’il t’est arrivé en 2023, est-ce que tu considères que c’est la meilleure année de ta carrière ?

Sans aucun doute. Cette année, je devais combattre en février pour le titre du LFA dans la catégorie des moins de 61 kilos. Fin 2022, j’ai donc dit à mes coachs que je voulais mettre en place un camp d’entraînement et combattre aux Etats-Unis. Ils ont accepté et j’y suis allé le 31 janvier 2023. Là-bas, le président de l’organisation m’a fait savoir que l’adversaire que je devais affronter s’était blessé et qu’ils étaient à la recherche d’une remplaçante. Ça a pris beaucoup de temps, et le 10 février, je n’avais toujours aucun adversaire. Le président m’a donc dit qu’ils ne pouvaient me donner une opportunité pour le titre qu’en avril. En attendant, comme la vie aux Etats-Unis est très chère, j’ai dû prendre un petit job. À ce moment-là je me suis dit : « Je vais revenir au Portugal avec la ceinture de championne du monde. » Et heureusement pour moi, le combat pour le titre s’est déroulé en avril. J’ai eu une superbe adversaire pour un combat en 5 rounds (qu’elle remporte face à Melissa Croden).

Après mon sacre au LFA, je suis revenu au Portugal. On savait avec mon agent qu’il y avait des chances pour que j’entre à l’UFC. J’avais la possibilité de participer au “Dana Contender Series” (un tournoi qui donne l’opportunité au vainqueur de remporter un contrat à l’UFC), mais moi, je ne voulais pas. Il y beaucoup de combattantes qui sont directement entrées dans l’organisation en étant championne de la LFA, et c’est ce que je souhaitais aussi. J’avais donc en tête de défendre mon titre puis de rejoindre l’UFC. Mais heureusement, ils ont fini par me recruter pour augmenter le nombre de combattantes dans la catégorie à laquelle j’appartiens. C’était incroyable. 

Ensuite, j’ai eu l’opportunité de combattre à l’UFC Paris en septembre. Ça ne me convenait pas totalement mais quand je suis retourné aux Etats-Unis fin juillet pour aider une collègue, ils m’ont appelé et m’ont dit : « Tu as quatre semaines pour te préparer. » À ce moment-là, j’avais 16 kilos en trop, je revenais de vacances en Thaïlande pour me reposer. J’ai donc dû m’y prendre très rapidement et j’ai réussi à perdre du poids à temps pour le combat qui s’est bien passé. 

Cette année 2023, c’est la consécration de plusieurs années de travail ?

C’est ça. Ou du moins, la concrétisation de l’un de mes objectifs qui était d’arriver à l’UFC. Je ne savais pas quand est-ce que j’allais y arriver, mais en 2022, j’avais pour objectif d’y être l’année d’après. Je voulais aussi y arriver sans être vaincue, car avant ma première défaite, j’avais toujours été victorieuse, que ce soit en kickboxing (25 combats, 25 victoires), en jiu-jitsu ou en boxe. J’ai perdu mon premier combat au PFL en 2022 et depuis ce jour, je me suis promis de ne plus jamais perdre et de ne plus être mal préparé à l’approche d’un combat. 

Et quels sont tes prochains objectifs ? 

Rester à l’UFC et surtout devenir championne dans ma catégorie.

Tu souhaitais combattre une troisième fois avant la fin de l’année 2023, mais finalement ça ne s’est pas fait. Ça t’a frustré ? 

Non, car l’UFC planifie ses cartes deux à trois mois en avance. J’ai combattu en septembre, il restait donc trois mois pour finir l’année et je savais qu’il n’y avait pas beaucoup de combattantes dans ma division qui était disponible. En 2024, j’espère combattre au moins 3 fois. 

Si ces trois combats ont lieu en 2024, tu te vois à quelle position au classement de l’UFC dans ta division ?

Entre la 10ème et 15ème place. Dans ma catégorie, il y a beaucoup de combattantes qui entrent dans le top 15 en seulement deux combats. Donc j’espère y être aussi avec 3 victoires. Et si c’est par KO, ce serait encore mieux.

Il y a beaucoup de jeunes combattants qui se fixent une année pour remporter un titre : est-ce que tu t’es également fixé un laps de temps pour remporter la ceinture ? 

Je préfère penser combat après combat. Auparavant, je m’étais fixé deux ans à partir de mon entrée à l’UFC pour être championne, mais je ne sais pas comment les choses vont se passer. Mon chemin pour la ceinture peut s’entendre sur deux, voire trois années. Parfois à l’UFC, ça ne dépend pas seulement de toi mais aussi de tes adversaires : si elles sont au-dessus de toi au classement et qu’elles n’acceptent pas le combat car elles jugent que ce ne serait pas bénéfique pour elles, et bien tu restes bloqué dans la division. Et l’UFC ne peut obliger personne à accepter un combat. Donc je préfère penser à court terme, jour après jour. 

En dehors du titre, est-ce qu’il y a des adversaires que tu rêverais d’affronter ? Des légendes comme Holly Holm ou Miesha Tate par exemple. 

Pour être honnête, l’identité de mes adversaires m’importe peu pour l’instant. Peut-être que quand je rentrerai dans le top 15, j’aurai des préférences, car si j’affronte une combattante bien mieux classée et que je gagne, je pourrai avancer plus rapidement dans ma conquête vers le titre. 

Il y a une combattante qui a parlé de toi : la française Nora Cornolle, que tu as déjà battue en 2021. Elle a dit vouloir te combattre une nouvelle fois mais seulement pour le titre de championne de l’UFC. Est-ce que tu avais entendu ses déclarations ? 

Quand j’ai combattu Nora Cornolle, elle n’avait encore jamais combattu, et celui qui a organisé l’événement, c’était son coach. Tout était fait pour qu’elle gagne. Elle est restée très frustrée de cette défaite. Je pense qu’elle ne s’attendait pas à ce que le combat se déroule ainsi. À l’époque, elle avait déjà demandé une revanche chez les moins de 61 kilos ; on s’était affrontées dans la division des moins de 66 et je n’avais encore jamais testé celle des moins de 61. Je lui ai donc répondu : « Si tu veux une revanche, ça doit être dans les mêmes règles que le premier combat. Mais si tu tiens vraiment à en faire une, contactes mon agent. » Finalement, même mon agent ne voulait pas faire ce combat car je l’avais déjà battue.  

Et il y aurait une possibilité de faire cette revanche à l’UFC ? 

Si à l’UFC, elle parvient à avoir un meilleur classement que moi, oui, une revanche serait intéressante. Je pense néanmoins qu’elle devrait poursuivre son chemin et moi le mien. Je ne dois rien lui prouver parce que c’est elle qui a perdu. Mais si l’UFC me propose ce combat, je ne le refuserais pas, car pour moi, c’est juste une adversaire de plus. 

Certains combattants qui arrivent dans l’organisation changent de style et deviennent plus explosifs pour remporter les bonus « Performance de la soirée »  et « Combat de la soirée » , est-ce que toi aussi tu comptes changer ton style pour décrocher ces bonus ?

Ces bonus te font remporter 50 000 dollars, donc ça fait toujours plaisir. Puis, quand tu mets KO quelqu’un ou qu’un combat est spectaculaire, tu as encore plus de reconnaissance vis-à-vis des fans. Concernant mon style de combat, je pense qu’il va se développer au fil du temps. Je ne peux pas dire : « Maintenant, il va y avoir une nouvelle Jacqueline Cavalcanti et je vais mettre KO tout le monde. », ce serait un mensonge. Ça fait partie de mes objectifs, mais je ne peux pas promettre de mettre un KO à chaque combat.

Cette année 2024 risque d’être incroyable pour l’UFC avec l’UFC 300, tu aimerais faire partie de cet événement historique ? 

Ce serait incroyable d’y participer. Mais je sais que les organisateurs veulent y inclure des combattants qui sont déjà dans l’organisation depuis très longtemps. 

Si tu es amené à combattre à un événement qui se déroule au Brésil, là ou tu es né (avant de partir au Portugal pendant ton enfance), ce serait une source de stress ou de motivation ? 

Ce serait très motivant. Si je combats au Brésil, je représenterai le Portugal. Donc j’affronterais sûrement une brésilienne et les fans du pays seront contre moi. Mais ça ne me fragiliserait pas car je suis habitué à combattre dans le pays de mes adversaires. Leurs provocations ne me touchent pas. 

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