Il existe un type de footballeurs, bons partout, excellents nulle part. Ces joueurs-là, on leur donne plusieurs noms, souvent pour tout et rien dire. Les polyvalents, les couteaux suisses, les versatiles ; ils sont ceux qui colmatent les brèches, occupent plusieurs postes, et rendent bien des services. Mais une fois les brèches disparues et les postes réoccupés, ils disparaissent, jusqu’à ce que l’on refasse appel à eux, pour rendre à nouveau service. Récemment, un joueur a souvent été associé à ce champ lexical. Il s’agit de Fredrik Aursnes. Dans l’entrejeu, sur l’aile gauche, et plus récemment, en tant que latéral droit, le norvégien s’illustre là où Roger Schmidt lui demande de jouer. C’est-à-dire à peu près partout. Mais contrairement à ses pairs, il fait office de contre-exemple. Certes, il est plus à l’aise devant que derrière, mais il ne rechigne jamais et, à minima, remplit toujours sa mission. Comme face à Sporting ce week-end. D’abord aligné en défense, il a été replacé plus haut sur le terrain en seconde période, et a marqué le premier but de son équipe. C’est aussi lui qui tire le coup franc qui amène le cafouillage dans la défense adverse, puis l’égalisation de João Neves.
À peine quelques mois après son arrivée, Aursnes a très vite mis tout le monde d’accord. Au point d’être, non sans une pointe d’humour, surnommé le « Zidane Norvégien ». Pourtant, au premier abord, l’ancien de Feyenoord ne paye pas de mine. Certains diront même qu’il n’a pas la gueule de l’emploi. Il n’est pas spécialement instagrammable – à quoi bon, lui-même n’utilise que très peu ce réseau social – , il n’est pas spécialement bankable, et il n’est pas celui dont on va forcément parler à chaque fin de rencontre. Ça n’empêche qu’il est essentiel à Benfica. Peut-être même qu’il est la meilleure recrue du club cette saison. Arrivé pour 15 millions d’euros, après une saison pleine du côté de Rotterdam, le n°8 qui avait debarqué sur la pointe des pieds, marche dorénavant d’un pas décidé vers le troisième trophée de sa carrière.