Sous sa nouvelle tunique verte et blanche rappelant ironiquement les couleurs du club ennemi benfiquista, João Filipe, couramment appelé Jota, réalise un très bon début de saison. Des performances remarquées, à la hauteur des attentes placées en lui depuis des années.
De nos jours, le modèle type d’une carrière tend à ressembler à celles des jeunes superstars actuelles. De Mbappé à Pedri, en passant par Haaland, les exemples récents sont légions et l’imaginaire collectif associe la précocité à la réussite. Un jugement pervers qui occulte la progression, omet le fait qu’une carrière n’est pas linéaire, et condamne les joueurs n’ayant toujours pas tutoyé les sommets, passés la vingtaine. João Filipe est un exemple de ces joueurs trop vites considérés comme des espoirs déchus. Après ses excellentes performances en 2018, lors de l’Euro U19, le portugais qui avait très vite jouit d’une grande réputation est petit à petit sorti des radars. Trois années de galère plus tard, et après un grand passage à vide, il revient sur le devant de la scène de la plus belle des manières.
Confiance, minutes et échange de bon procédé
« Jouer deux fois par semaine est quelque chose de nouveau pour moi. » Du haut de ses 22 ans, Jota connaît pour la première fois de sa carrière, une continuité au haut niveau qui lui a souvent échappé. Indésirable à Benfica, il avait été prêté une première fois la saison dernière, au Real Valladolid. Une expérience qui, compte tenu de la crise traversée par l’équipe (une seule petite victoire sur la phase retour en championnat), a très vite tourné au vinaigre.
Tardivement prêté au Celtic cette saison (option d’achat d’environ 7,5M d’euros), les choses s’y goupillent bien mieux. João Filipe débarque dans un club historiquement important, qui joue l’Europe, les premiers rôles dans son championnat et dont la proposition footballistique correspond à ses caractéristiques. À peine arrivé, auteur de 2 buts et de 2 passes décisives, il est rapidement devenu le danger principal des Hoops. Là-bas, les ailiers sont très souvent mis à contribution, et le jeune portugais, capable d’évoluer à gauche comme à droite, ne se fait pas prier pour répondre aux besoins de son équipe. En prime, il bénéficie de la confiance de son entraîneur, Ange Postecoglou, qui n’a pas hésité à le faire jouer l’intégralité des rencontres depuis son arrivée. Sur les 630 minutes disputées par son équipe, Jota les a toutes passées sur le terrain.
Europe, progrès et retour à Benfica
Balle au pied, João Filipe crève l’écran. Même lors des sorties européennes qui ne se sont pas très bien passées niveau comptable pour le Celtic, il n’a cessé d’être un danger permanent pour les défenses adverses. Passeur décisif face au Real Bétis (défaite 3-4), il a ensuite rendu une très belle copie contre le Bayer Leverkusen, malgré la grosse claque infligée (0-4). Deux résultats qui s’ajoutent à ceux en championnat (13 points en 8 journées*), mais qui ne reflètent pas totalement la physionomie des rencontres. Le Cetlic se montre souvent dominant, et se voit puni par son manque de réalisme devant les cages ou ses errements défensifs.
* Jota est arrivé lors de la 5ème journée
La saison vient à peine de commencer, mais la réussite actuelle de Jota pose déjà question quant à son avenir. L’option d’achat rattachée au prêt est abordable pour le Celtic, et tout indique que le club finira par la lever. Au micro de Go Radio Football Show, John Hartson, qui a évolué au club entre 2001 et 2006 s’est montré urgent à ce sujet « Il faut la payer maintenant, il sera meilleur au fil de la saison. Il faut l’avoir maintenant. » Les Encarnados se retrouvent donc dans une configuration où le futur du joueur n’est plus totalement de leur ressort. Tout se jouera sur la capacité de Jota à réitérer ses belles performances semaine après semaine. Son avenir est entre ses pieds.