Le 3 août 2020, durant sa présentation officielle, c’est un Jorge Jesus l’air conquérant, qui a fait face à la presse. Au cours du traditionnel question/réponse, ce dernier a tenu des propos enthousiasmants à l’égard de cette nouvelle aventure qui s’offre à lui. Énumérons les et dressons-y un bilan temporaire.
« Volonté de gagner »
Premier point important pour JJ, la victoire. Chère à n’importe quel coach, elle en va de sa prospérité, et surtout, de celle du club. Sans cela, ce dernier se retrouve sur la sellette. Pour le natif d’Amadora, c’est donc en gagnant qu’il pourra parfaitement remplir sa mission. Mais alors qu’en est-il réellement ?
En championnat, après 19 journées, le SLB ne comptabilise « seulement » que 11 victoires (2 sur les 8 dernières), toutes ou presque, obtenues non sans grandes difficultés. Résultat des courses, les Encarnados pointent actuellement à une inhabituelle 4ème place.
En Taça da Liga, ce n’est guère mieux. Le club n’a pas su se défaire de Braga en 1/2 finale, après une victoire étriquée au TAB face au Vitória Guimarães. Seul motif d’espoir, la Taça de Portugal. Après sa victoire 3-1 face à Estoril au match aller, Benfica est, sauf retournement de situation, en bonne position pour disputer la finale.
« Retrouver le prestige international »
Jorge Jesus souhaite que le club soit de nouveau compétitif en Europe, après les récentes déconvenues. Pour cela, il pourrait s’appuyer sur son expérience passée. En effet, au cours de sa première aventure, ce dernier était parvenu à amener Benfica jusqu’en finale de Ligue Europa à deux reprises (2012/13 et 2013/14).
Et pourtant, c’est dès son premier match officiel, qu’il s’est heurté à son premier échec. Face au PAOK Salonique, lors du troisième tour de qualification à la Ligue des Champions, Benfica s’est incliné 1-2. Une défaite qui a de suite conditionné la suite de la saison et jeté un froid sur l’arrivée de Jesus.
Reversé en Ligue Europa, le SLB est parvenu à se qualifier pour le tour suivant, après avoir terminé second d’un groupe largement à sa portée. En 1/16, c’est une autre équipe en difficulté, Arsenal, qui va leur faire face. Match aller ce jeudi 18.
« Unir la famille Benfiquista »
Voilà sûrement l’objectif le plus compliqué à réaliser. « Unir la famille Benfiquista », c’est instaurer premièrement un climat de prospérité entre le président, le coach, les joueurs et les supporters. Pour cela notamment, il faudrait donc « gagner », « retrouver le prestige international » mais également, exemple parmi tant d’autres, compter davantage sur la formation.
Cependant ce climat de prospérité, comme écrit plus haut, semble totalement utopiste, peu importe les résultats. Il existe une véritable cassure entre deux des quatre acteurs majeurs du club: le président et les supporters. Et cette fracture prend davantage de proportion chaque jour, au vu du déroulé de la saison actuelle. Le choix du retour de Jorge Jesus n’a d’ailleurs pas aidé, ce dernier étant mal considéré après qu’il ait rejoint le club rival en 2015.
Bon nombre de supporters (ne les considérons pas comme une entité à part entière, mais plutôt comme une addition d’individus, car il existe des divergences en leur sein même) ne s’identifient plus à l’actuel président, Luis Filipe Vieira. Il y a de cela quelques mois, ces derniers avaient eu l’occasion de faire changer les choses, au cours des élections à la présidence. LFV a néanmoins été réélu d’une assez longue tête, avec 62,59% des votes.
Quelle suite ?
À l’heure actuelle, rien n’indique que la suite s’annoncera plus heureuse. Les résultats sont décevants et le jeu produit l’est tout autant.
La « patte Jorge Jesus » est invisible, et l’ancien coach de Flamengo, avec qui il a remporté la Libertadores, semble totalement dépassé par les événements, à tous les étages. En championnat, 13 points les séparent du Sporting Club de Portugal, pas insurmontable, mais il faudrait probablement compter sur un scénario leur étant ultra-favorable (chance qu’ils n’arrivent pour le moment pas à provoquer).
Pourtant cette saison, une somme importante, astronomique au niveau de la Liga NOS (légèrement moins de 100M !), a été dépensée durant le mercato estival. Il a donc eu les armes pour faire bien mieux.
Ses promesses n’ont pas été tenues, et lui qui n’avait demandé qu’une seule année de contrat au président (qui a plutôt opté pour deux) pourrait alors décider de partir de lui-même.
En temps normal, il est évidement que l’on se doit de juger un entraîneur sur une plus longue durée. Mais sa venue concordait avec le besoin de résultat immédiat. Sous ce prisme, le retour de Jesus, que certains s’amusent à surnommer Judas, est donc bel et bien un échec cuisant.